Julie Henoch, Journaliste presse et radio, programmatrice et auteure à Lausanne (CH), nous donne son point de vue sur la situation
« L’avantage de la crise que nous traversons est de remettre en question pas mal
de choses qu’on croyait acquises: un renversement s’opère. On se rend compte
que la loi du marché avait un peu perverti nos valeurs. On reconnaît des
boulots qui étaient globalement méprisés, comme les caissières, les
infirmières; on se rend compte de l’ampleur des inégalités Nord-Sud, que
bosser en open space est une aberration, qu’un ciel sans avion c’est mieux, que
la planète se porte mieux quand nous sommes à l’arrêt, que le commerce de
proximité est préférable, que les vieux seraient mieux à la maison que parqués
dans des EMS, etc… Et que les artistes ne sont pas des saltimbanques qui ne
cessent de se plaindre, mais des transmetteurs d’une force de vie qui nous est
nécessaire; que la musique n’a ni prix ni frontières. Le problème de notre
société est d’avoir tout voulu rendre marchand, de produire et produire
encore. La recherche, qu’elle soit scientifique ou musicale, souffre de cette
obligation de productivité. Mais pour aboutir à quelque chose, il faut du temps,
et «le temps c’est de l’argent», comme dit l’adage… C’est le temps, en fait, qui
nous est volé à tous.
les musiciens comme pour les autres. Plus on avance, et moins les gens
touchent les résultats de leur labeur. C’est le propre du capitalisme que de tout
récupérer à vitesse grand V, de créer des structures vides qui s’en mettent
plein les poches et de déposséder «ceux qui font».
En ce qui concerne les artistes, on voit aujourd’hui que la majorité d’entre eux
met sa musique en ligne gratuitement. C’est logique, ça répond au besoin accru
des gens d’être unis et de vibrer. C’est je crois l’une des fonctions premières de
la musique. Or faire un album est devenu une carte de visite, et le dernier
bastion des artistes pour vraiment gagner de l’argent était le concert. Si les concerts ne sont plus possibles – et cela risque d’être le cas pour un bon moment – comment faire ?
A ce jour, les artistes n’ont pas de réel statut en Suisse, et tout le secteur
survivait en bricolant avec bénévolat, système associatif non adapté, petits
boulots à côté ou chômage partiel quand c’était possible. Il serait temps de
créer un statut d’artiste à part entière, ou, dans l’idéal, un revenu de base
inconditionnel pour toute la population. »
Je vote pour l’idéal.
Merci Julie.
Merci la show me team.
Show must go on 🙂
Dida
Absolument !!!!